Unefiche de lecture spĂ©cialement conçue pour le numĂ©rique, pour tout savoir sur L'Art et l'illusion d'Ernst Hans Gombrich Chaque fiche de lecture prĂ©sente une Ćuvre clĂ© de la littĂ©rature ou de la pensĂ©e. Cette prĂ©sentation est couplĂ©e avec un article de synthĂšse sur lâauteur de lâĆuvre. A propos de lâEncyclopaedia Universalis :
Lâart entre illusion et realite Sâil est une idee qui semble aller de soi aujourdâhui, câest bien que lâidee que lâart est un moyen dâevasion. Elle va tellement de soi, que la plupart dâentre nous ne faisons meme plus la difference entre les productions de la societe de consommation qui ont pour vocation le divertissement et les creations artistiques qui impliquent, de la part de leur createur, comme de la part de lâamateur dâart, un veritable investissement, voire une vraie voyons dans lâart une sorte de moyen de nous procurer des extases colorees, des extases musicales dont la seule fonction serait de faire oublier cette realite terne, brutale dans laquelle nous vivons. Lâamour de lâart et lâeloge de la fuite un seul et meme combat ! Cependant, câest oublier les efforts surhumains deployes par lâart pour denoncer, depasser, elever, transfigurer la realite elle-meme. Câest aussi oublier une constante, souvent retenue dans lâopinion, selon laquelle lâart veritable, câest celui qui est sense faire passer un message », etre un art engage », ce qui contredit completement lâhypothese quoi bon chercher a se battre contre lâignominie du monde, contre la betise de notre societe avec de la toile, des chansons, de la musique, des images, si le but de lâart est seulement la fuite eperdue ? La question de fond est donc de savoir quel rapport lâart entretient avec la realite, si il est dans son essence de la delaisser, si il est de son essence de chercher a la montrer sous un autre jour, ou si peut-etre, lâart cherche a agrandir notre perception du reel. Lâart nous detourne-t-il de la realite ? A. Dimensions et degres de realite Cette question est piegee si nous ne prenons pas garde de preciser le concept flou de realite ». Si nous ne le faisons pas, nous allons nous egarer sans plus avoir en vue ce dont il est question ici. 1 Partons de lâopinion commune. Le plus souvent, la realite » est un mot qui est employe dans lâattitude naturelle pour designer lâordre des faits et lâordre des choses en tant quâil est separe de moi, quâil existe en soi, quâil est independant de moi et surtout quâil sâimpose massivement a moi. Lâattitude naturelle est spontanement chosique, et comme elle pense la realite a partir du concept de chose, elle la voit dâabord comme materielle. Je dis que la table est reelle, parce que je me cogne dedans. Je me rends au bureau et je dois retourner dans ce lieu plutot gris, affronter ce chef de service raleur, lâambiance execrable du travail. Câest ma realite » de tous les jours. texte Il y a moi et les autres, moi et ma femme, ma belle-mere, mon patron, mon chef dâequipe, ma belle ? ur et ce cousin casse-pieds toujours la pour emprunter quelque chose sans jamais le rendre ! Ma realite quotidienne, câest ce monde de conflits permanent, cet ennui, cette grisaille, avec parfois quelques bons moments, une sorte de repit dans la lutte quotidienne. Ma realite, câest lâangoisse de parvenir a boucler mes fins de mois, de recevoir encore des factures imprevues, câest dâapprehender la situation de mon fils, de ma fille en etudiants, câest de mâinquieter pour leur avenir. Câest lâagression que je subis tous les jours a travers les evenements de lâactualite qui ne fait que confirmer le sentiment que je suis bien dans un monde de lutte, de separation, de rivalite, de violence, dans un monde qui est reel par la difficulte dây vivre, par lâeffroi permanent que lâon y eprouve. Cette realite est tres humaine, et cette representation de la realite est tellement conflictuelle, violente, cruelle, que le sens commun adjoint souvent au mot realite un qualificatif la dure realite du monde! Nous allons donner un nom a cette realite, nous lâappellerons realite empirique, ce qui souligne quâelle est posee au niveau de la sensation, mais surtout a travers une dâopposition brutale entre le sujet et lâobjet, entre moi est le choses contre lesquelles je bute, entre moi et les personnes contre lesquelles je bute aussi, contre tout ce qui est dans lâordre de ces evenements quâil faut affronter, et devant lesquels je dois finalement mâincliner. Il y a un implicite dans la representation de la realite dans lâattitude naturelle. Que voulez-vous mon bon monsieur, câest comme ca ! Câest la realite et on nây peut rien ». On ne fait que subir cette realite. La realite, câest oppressant par nature. Elle est terne, monotone, abrutissante, souvent absurde, mais câest comme ca, il faut sâincliner. Ce defaitisme, on le sent deja tres present chez lâeleve qui apprehende dâentrer sur le monde du travail au lycee, on est un peu protege, mais une fois quâon en sort, câest la dure loi de la realite ! La loi de la jungle, la lutte pour la vie. Alors, il faut sâarmer et etre pret a combattre ! Il est sous-entendu que la realite, telle que nous la pensons dans lâattitude naturelle, tient dans une formule, la vie est une lutte. Comme si seuls les plus fort pouvaient sâen tirer, tandis que les plus faibles devaient etre broyes. Le mot meme de realite, prononce dans lâopinion nâa pas du tout de connotation positive, câest plutot un constat accablant. Il implique aussi une conception du sens de la vie qui est dâun impayable conformisme a en croire tous ces gens qui se disent realistes », tout ce qui compte, câest de sâintegrer » a la societe, de mettre en place chacun comme une brique dans un mur like a brick in the wall, Pink Floyd ! . Les implications de cette representation de la realite sur la valeur attribuee a lâart sont tres claires. A partir du moment ou on pense la realite de cette facon, on est oblige de trouver une porte de sortie pour evacuer le malaise et la difficulte a exister dans cette realite. Il faudra donc justifier la fuite et lâart nous donnera une jolie porte de sortie, qui plus est, une porte de sortie socialement admissible. De la a voir dans lâart seulement une sorte de vengeance et de compensation contre la realite, il nây a quâun pas qui sera vite franchi. Cependant, avant dâexaminer ces consequences, il nous faut examiner le fondement de cette representation. La realite empirique nâexiste pas toute seule. Ce nâest pas une idee innee » que celle de la realite empirique. Elle est constituee de lâinterieur par la conscience. Elle est pensee, choisie, voulue, elle est aussi lâeffet dâun conditionnement social. Cela nous lâoublions trop souvent. Nous pensons que la realite va de soi. Comme si lâensemble des choses qui ont une existence objective, lâensemble de tout ce qui peut faire lâobjet dâune constatation ne faisait jamais intervenir notre propre subjectivite. Mais a y regarder de pres, chose », existence objective », constatation », tout cela nâexiste que dans la conscience que jâen prends. texte Et comment ? En entrant dans la vigilance. Je mâeveille le matin, je chasse les brumes du reve, je me dis quand câetait desagreable, ouf, ce nâetait quâun reve ! » Je reprends pieds dans ce que jâappelle la realite » en revenant a lâetat de veille. Je dis que la chaise au pied du lit est reelle », parce que je ne reve pas. Mon chien peut la faire tomber, mon petit frere peut la deplacer. A lâetat de veille, les choses nâapparaissent pas et ne disparaissent pas toutes seules. Elles sont plantees la, et je dois en tenir compte. Une chose, ce nâest pas une simple image. Cependant, ce que jâoublie, câest que la subjectivite est encore la dans lâetat de veille, justement dans la maniere dont jâapprehende le reel. La chaise est reelle pour Jacques, comme moi, car il est lui aussi dans la veille, parce quâil peut y avoir entre nous un consensus dâexperience pour la decrire. Lâobjectivite des choses, des faits, des evenements est fondee sur lâintersubjectivite. Elle suppose des observateurs humains, une experience humaine, un systeme nerveux humain. Un peuple dâabeille nâaurait pas du tout la meme definition de la realite que la notre. Lâabeille nâest pas sensible aux memes couleurs que nous. Mais le peuple dâabeilles pourrait avoir, comme pour nous, une definition de la realite a partir du consensus dâexperience des abeilles. Ce que nous appelons reel est le resultat dâun consensus present dans la conscience collective. Câest ce consensus que lâon appelle notre realite. Au Moyen-Age, en Occident, il paraissait realiste de penser que la Terre etait plate, que les moustiques pouvaient apparaitre par generation spontanee dans lâeau croupie. Dans les temps modernes, il est realiste dâadmettre que la terre est ronde, de penser quâil nây a pas de generation spontanee dâorganismes. Ce que nous appelons reel est determine par le savoir admis et les paradigmes recus. Ce que nous appelons la science est fondee sur lâapproche objective de la connaissance. De la science, nous attendons la confirmation de la realite de tel ou tel phenomene ou de son irrealite. Quand je dis que ma chaise est reelle, jâattends une confirmation objective de la part de la theorie scientifique. Bon, cela marche, on me dit quâelle est faite de molecules qui ont des proprietes objectives. Mais le savoir que la science nous donne est aussi relatif. Il depend dâun consensus passe entre les membres de la communaute des savants et ce consensus est historique. De plus, il nâest meme pas evident que ce que le sens commun tient comme reel, le scientifique le tienne aussi pour reel. Du point de vue qui est le mien a lâetat de veille, la chaise est dure, solide, resistante. Mais au niveau le plus subtil de la matiere, ce nâest que du vide en mouvement, un champ, qui ne fait quâapparaitre dur et solide du point de vue de lâetat de veille de lâobservateur. Or cette realite » dont parle la science est aussi incertaine. On ne saura jamais definitivement ce quâelle est. Bref, cette realite » des gens soi-disant realistes », elle est bien trop petite pour etre la Realite ! Pour rendre justice a la realite, je ne peux pas seulement compter sur la representation objective. Il est par contre indispensable de considerer toute la complexite de lâexperience subjective. Et si notre perception habituelle dans la vigilance etait bornee ? Tronquee ? Appauvrie ? texte Et si notre vision etriquee de la realite venait de la ? Et si la realite etait de part en part subjective ? Que se passerait-il si notre perception etait completement changee ? Que se passerait-il si la coupure drastique entre sujet/objet prenait fin ? Si notre perception etait bien plus eveillee quâelle nâest ? Notre conception de la realite ne pourrait-elle pas alors etre completement modifiee ? Et puis, juste une idee est-ce que, par hasard, changer notre perception du reel, est-ce que ce nâest pas ce quâau fond lâart recherche ? B. Lâart et lâeloge de la fuite Pour lâinstant, laissons libre cours a lâopinion commune. Lâart, dit-on, est a meme de nous procurer des moyens dâevasion. Il lâest dâautant plus que nous avons fait de la realite une prison, ce qui suppose necessairement des moyens dâevasion. . 1 Pour echapper a une realite bien trop decevante, on se tourne donc vers une representation qui releve du fantasme. Câest un peu comme si, par le biais de lâart, nous cherchions a reintroduire le monde du reve dans lâetat de veille. Dâou lâidee que lâart est la pour transporter le spectateur dans un autre monde, un monde qui nâest pas le monde reel, mais un monde irreel, tisse par le desir. Le cinema est en ce sens le prototype postmoderne de lâart comme eloge de la fuite. Dans la salle obscure, le spectateur se coupe de la realite, il laisse les soucis, les angoisses, la lutte continuelle de sa vie quotidienne pour se donner lâextase dâun reve eveille. Les images qui defilent sur lâecran, ces images qui nous emportent dans une courte hallucination, nous tirent dans un monde autre que le monde reel avec toutes ses miseres. Voir la delicieuse Julia Roberts dans Pretty woman dans sa condition de prostituee metamorphosee en femme du monde au bras dâun playboy richissime, câest grisant. Câest un conte de fees, cela fait rever, rever celui ou celle qui se retrouve seul le soir, qui a du mal a se regarder dans le miroir et dont la vie est desesperement miserable et sans amour. Câest une douce ivresse et une evasion. Un roman peut jouer le meme role, inviter lâimagination du lecteur dans un autre monde, ou tout est plus juste, plus sense, un monde ou la cruaute est abolie, ou la noblesse du c? ur est recompensee. Ce que lâon trouve rarement dans le monde reel. On en dira autant du ravissement procure par la musique, de ces extases qui font que le temps dâun concert, on se sent transporte dans un autre monde, reconcilie avec toutes choses ; avant que la trivialite reprenne le dessus, que la concierge vous injurie pour avoir laisse la poubelle sur le palier, avant que lâon constate que la baignoire a une fuite et quâil est impossible dâobtenir le plombier ! Bref, avant que la realite nous rattrape !! avec le poids de ses soucis, des ses urgences, et le tourbillon de ses luttes permanentes. Et quand la vie reelle est insupportable, on peut decider dâaller camper a demeure dans lâirreel passer sa vie au cinema, sâenfermer dans les livres, hanter les salles de concert. Il y a des auteurs qui ont mis cela en pratique pour en faire une regle de vie fondee sur lâeloge de la fuite. Kundera titre lâun de ses romans La Vie est ailleurs. Arthur Miller se donnait comme regle de vie la fuite devant la realite dans la recherche des formes du plaisir. Câest un lieu commun de la postmodernite nous avons besoin de rever et ce besoin trouve sa realisation dans lâart. Le titre du livre de G. Bachelard Lâart de rever est un manifeste de notre temps. Nous nâavons aucun mal a regarder lâart comme une evasion toute notre culture de la consommation nous y encourage en permanence, elle qui exalte les fuites exotiques, les extases psychedeliques, les evasions romantiques, les sublimes delires de la science-fiction⊠contre la laideur grise de la realite dans laquelle nous vivons dâordinaire. Nous avons besoin dâun au-dela de la vie pour nous faire oublier la vie. Mais fuir la realite, nâest-ce pas la le signe dâun profond malaise installe au c? ur de la vie ? Cette representation de lâart nâa-t-elle pas un caractere nevrotique ? Le besoin de fuir la realite dans lâart nâest-il pas le symptome dâune sorte de maladie de la vie ? Les theses de Nietzsche sont sur ce point assez radicales. Dans un monde domine par la representation objective de la science, dans un monde ou la verite devient accablante, dans un monde ou le nihilisme montre son visage hideux, nous avons, dit Nietzsche, besoin de lâart pour nous sauver de la verite ». Lâart masque la verite blessante du monde, il est le terreau dâillusions qui permettent a la vie de supporter sa propre realite. Nietzsche justifie lâart comme illusion en disant que sans illusion, la vie serait insupportable, lâillusion repondrait alors a une necessite de survie et lâart serait donc une sorte dâexutoire, permettant de conjurer les tendances du nihilisme. Notre monde postmoderne est-il a ce point malade quâil ne puisse rechercher dans lâart quâune compensation ? La these de Nietzsche trouve un prolongement remarquable dans les vues dâune autre psychologie du soupcon, celles de Freud lâartiste, comme le nevropathe cherchent lâun et lâautre dans lâart lâexpression des fantasmes inconscients. La quete eperdue du desir sexuel nâobeit quâau principe du plaisir qui gouverne les pulsions. Parce que le desir ne trouve pas de satisfaction dans la realite empirique, le sujet tend a compenser la frustration dans les marges, dans le reve. Lâartiste, comme le nevropathe, sâetait retire loin de la realite insatisfaisante dans ce monde imaginaire », mais Freud dit tres etrangement, que lâartiste, par la creation peut reprendre pied dans la realite » ? , tandis que le nevropathe est condamne a rester dans la sphere privee de ses fantasmes, pour leur donner une satisfaction imaginaire. Il ne fait aucun doute que Freud ne remet pas un seul instant en question la realite empirique. Freud prend pour argent comptant la representation de la realite de lâattitude naturelle. Câest a partir de la quâil pose son principe de realite en opposition avec le principe du plaisir. Il est clairement entendu que la realite insatisfaisante » est la seule realite et que la vie sociale nâest possible que si le nevropathe est ramene par les efforts de la civilisation » a sây adapter. texte Il nây gagnera pas le bonheur, mais au moins il sera mieux integre » au monde reel, a ses limites, a ses contraintes, ses violences, a son caractere definitivement insatisfaisant. Câest la dure experience vitale » de la realite qui oblige lâhomme a apprendre a renoncer au desir, a comprendre que la realite est indifferente a ses desirs. Il faut donc hermetiquement separer le fantasme du monde onirique, etat de reve et son caractere hallucinatoire, de la vie pratique etat de veille reglee par les principes de la morale, lâautorite des lois. Il sâensuit que la psychanalyse freudienne, a partir du principe de realite, considere la folie comme une deviance, ou meme une regression vers le mode de comportement domine par les pulsions inconsciente, pulsions qui ne connaissent quâune loi, le principe du plaisir. Lâinteret que le nevropathe porte a lâart est donc ambigu en apparence, il semble y chercher la beaute, lâelevation et la grandeur, la celebration de la vie. Mais pour Freud, la beaute nâest quâune prime de seduction ». Lâinteret esthetique est plus trivial les ? uvres dâart » sont les satisfactions imaginaires de desirs inconscients, tout comme les reves ». Ce qui sourdement nous attire dans lâart, ce qui attire le nevropathe vers lâart, câest la liberation du principe du plaisir, lâeffet de compensation imaginaire quâil permet. La realite est decevante, la vie est frustrante, mais il y a lâart pour nous en delivrer pour nous permettre de rever, de satisfaire sur le plan imaginaire les desirs inconscients. Lâartiste sâen tire mieux que le nevropathe, il peut compter sur la sympathie des autres hommes, etant capable dâeveiller et de satisfaire chez eux les memes inconscientes aspirations du desir ». Creer est pour lui une delivrance, car il peut sublimer ses pulsions, sous la forme dâune ? uvre et dâune certaine facon, il devrait alors pouvoir trouver le chemin » du retour a la realite, et etre plus adapte ». Lâart, dans sa pratique, peut ainsi avoir fonction therapeutique de reeducation » a la realite » ! 2 Et bien, câest contre cette realite » que lâart lui-meme sâest revolte ! Contre cette realite objective, cette realite auquel il ne faudrait que ce conformer sans la changer, parce quâelle est habillee en costume cravate parce quâelle allonge des chiffres et des statistiques en prenant des airs serieux et convenus, cette realite des technocrates epris dâordre social, de productivite et de systeme. A bas le realisme petit-bourgeois et sa techno-science, vivre le surrealisme ! Comment sâest affirme en effet le surrealisme ? Par une opposition a toutes les conventions sociales, logiques et morales. Pour casser cette fausse coherence de la realite », le surrealisme a trouve son inspiration dans les puissances inconscientes de la vie, lâinstinct, de desir et la revolte, parce quâil cherchait, selon la definition dâ Yvan Goll la transposition de la realite sur un plan superieur ». Le plan artistique. La realite peut-etre elevee a sa majeste fondamentale, a ses dimensions cachees, de telle sorte que la Vie se trouve elle-meme, sans plus se chercher au-dela dâelle-meme lâau-dela, tout lâau-dela est dans cette vie ». Or, lâau-dela trouve dans cette vie, câest son immanence radicale. A. Breton lâexprime tres clairement Tout ce que jâaime, tout ce que je pense et ressens, mâincline a une philosophie particuliere de lâimmanence dâapres laquelle la surrealite serait contenue dans la realite meme, et ne lui serait ni superieure ni exterieure. Et reciproquement, car le contenant serait aussi le contenu. » Et cela veut nettement dire que si lâart a une quelconque valeur, câest pour autant quâil permette a la vie et lâintelligence de se rencontrer dans une ? uvre Câest dire si je repousse de toutes mes forces les tentatives qui, dans lâordre de la peinture comme de lâecriture, pourraient voir etroitement pour consequence de soustraire la pensee de la vie, aussi bien que de placer la vie sous lâegide de la pensee ». Lâart doit pouvoir faire surgir un monde sous le detail le plus insignifiant, une profondeur inouie de la rencontre dâun papier dans le caniveau et dâune roue de bicyclette, dâun foulard qui tombe sous les pas dâun inconnu, un monde de coincidences, de rapprochements, de mysteres et de signes le surreel texte au c? ur du reel. La metapoesie en lieu et place de la perception de la soi-disant realite » pour sâeveiller a la perception et a la Realite, comme dirait Stephen Jourdain. Meme si la cause etait entendue et quâeffectivement nous nâavions plus dâautre interet pour lâart que le besoin dâaller dormir en fuyant la realite, il y aura toujours des artistes pour nous empecher de dormir, en nous renvoyant, comme une paire de gifles, les images insoutenables de cette realite dont nous ne voulons plus. Le peintre qui choisit de montrer lâabime de lâhorreur des camps de concentration, lâecrivain qui trempe sa plume dans le sang pour decrire page apres page ce quâa ete lâecrasement de la vie dans un regime totalitaire, ne cree pas pour offrir un gentil moyen dâevasion. Il y a des cris de revolte que nous avons besoin dâentendre pour nous sortir de la torpeur douillette de nos habitudes. Lâart engage en ce sens, procede exactement a lâinverse de la recherche dâune fuite, dâun exercice parfois desespere de lucidite. Picasso nâa assurement pas peint Guernica pour proposer une sorte dâevasion, mais pour faire exploser sur la toile la violence de la guerre civile en Espagne. Le cinema, que lâon devalue communement en y cherchant seulement le di-vertissement, la possibilite de se de-tourner de la realite, a aussi cette vertu. Dans Il faut sauver le soldat Ryan, Spielberg ne menage personne et nâidealise rien, il ne fait pas lâapologie de la guerre et ne propose pas une esthetisation seduisante. Il ne donne pas a rever. Cette realite pathetique de la guerre elle est la, celle du champ de bataille, des soldats morts, des membres coupes, du sang repandu, des maisons detruites, des femmes et des enfants qui pleurent, du carnage. Celle de lâabsurdite dâune mission ou on envoie une compagnie dâetre humains a lâabattoir pour sauver un homme. La scene du debut est a ras de terre, dans le champ de vision du soldat. On nâa pas le zoom panoramique pour contempler tout cela de loin. Le sang gicle de tous les cotes avec les eclats dâobus et les balles de mitrailleuse. Pour vous donner la nausee et vous vider de toute vision idealisee de la guerre, câest radical. Si lâart etait seulement fait pour nous detourner de la realite, alors il faudrait beaucoup sabrer dans la creation artistique pour parvenir a ne conserver que le superflu pour continuer a croire que lâart est une forme dâevasion ! peut-etre justement sabrer ce qui est le plus representatif, et peut-etre meme eliminer lâessentiel de lâart contemporain. Ne retenir que le superflu reviendrait alors a croire que lâart et le divertissement ne sont quâune seule et meme chose. Mais le divertissement et lâart nâont pas la meme finalite, ni la meme origine. Le propre de la societe de consommation et le caractere le plus saillant de la postmodernite, resident la promotion du divertissement. La consommation fait de lâobjet, un objet dâusage qui nâa quâune duree ephemere, qui est jete, detruit assez vite apres avoir ete produit et consomme. Il est par essence rapidement obsolete, demode. A la difference, lâ? vre dâart est creee pour sâinstaller, comme le dit Hannah Arendt, dans une immortalite potentielle, soustraite a la temporalite de la consommation, comme a la temporalite de lâaction. Parmi les choses quâon ne rencontre pas dans la nature, mais seulement dans le monde fabrique par lâhomme, on distingue entre objets dâusage et ? uvres dâart ; tous deux possedent une certaine permanence qui va de la duree ordinaire a une immortalite potentielle dans le cas de lâ? uvre dâart. En tant que tels, ils se distinguent dâune part des produits de onsommation, dont la duree au monde excede a peine le temps necessaire a les preparer, et dâautre part, des produits de lâaction, comme les evenements, les actes et les mots, tous en eux-memes si transitoires quâils survivraient a peine a lâheure ou au jour ou ils apparaissent au monde, sâils nâetaient conserves dâabord par la memoire de lâhomme, qui les tisse en recits, et puis par ses facultes de fabrication ». Lâart ne se range pas dans la categorie des objets qui alimentent le circuit de la relation entre les besoins vitaux et leur satisfaction sur le marche economique. Les oeuvres dâart sont dâemblee inscrites dans le champ de la Culture et ne sont pas redevables directement du domaine dâinteret de lâhomme vital. Des ? uvres dâart il faut dire, que, non seulement, elles ne sont pas consommees comme des biens de consommation, ni usees comme des objets dâusages mais elles sont deliberement ecartees des proces de consommation et dâutilisation, et isolees loin de la sphere des necessites de la vie humaine ». Il faut dire que nous vivons dans une societe qui a fait de la promotion du divertissement, non seulement une industrie prospere, mais qui entend aussi nous persuader quâil est une forme de culture. Culture de masse. Tout ce qui est superficiel, leger, petillant, fluo, tout ce qui joue sur la derision, lâimmediat, la mode, le jeu des images et les images du jeu, est tres postmoderne. Lâart qui cadre donc le mieux avec le monde de la consommation, câest lâart derisoire, lâart qui ne fait que jouer la provocation, qui cherche le gag, comme dans les pitreries bouffonnes de la publicite. Il est ainsi entendu, pour tous ceux qui ont ete soigneusement conditionnes par les valeurs de la societe postmoderne, que les artistes ne font que sâamuser ». Pour le telespectateur, il nây a pas de difference entre ces jolies jeunes filles a peine pubere que lâon presente sur les plateau tele dans les emissions de variete, un micro a la main pour faire danser et se pamer de plaisir les moins de douze ans et un ecrivain ou un sculpteur de renom. On le dit. Ce sont tous les artistes » ! Ils sont la pour nous divertir » ! La preuve, ils passent a la tele ! Ils defilent en images a la tele, soumis aux memes lois que toutes les images. Ils sont aplatis dans les images et leur defile incessant. La tele, il faut que cela bouge sans cesse, comme les images oniriques du reve, la tele, cela marche dâautant mieux que cela ressemble a du reve, que cela permet de fuir la realite. Pour lâhomme vital, y a-t-il une vie apres la tele ? Non. Le plaisir de la postmodernite sa culture ? câest la vie coincee devant la tele, câest-a-dire la vie qui reve la vie⊠au lieu de la vivre. C. Les fetes du sensible et les noces du reel De ce point de vue, Platon nâavait donc pas tout a fait tort de se mefier des artistes quand il condamnait dans La Republique lâartiste pour son illusionnisme. La critique porterait a plein contre lâart commercial » qui est le notre aujourdâhui, lâart voue a la pure et simple consommation de masse. Cet art la nâest-il pas souvent un leurre donne en pature au peuple, au peuple quâil faut nourrir avec du pain et des jeux ? 1 Par art Platon entend tout a la fois la creation divine, qui rassemble les manifestations variees de la Nature, et la creation humaine. Si la creation humaine est seulement un art de copier la Nature ; une copie, restera une simple imitation cherchant a reproduire les proportions et les couleurs de son modele. Mais la Nature fera toujours mieux que ce que lâart produit par simple imitation. Ou bien lâart est une maniere de creer des simulacres, comme une fausse porte peinte qui donne tellement une impression de verite, que lâon se dirigerait vers elle pour sortir. Le simulacre donne lâillusion de lâobjet quand celui-ci ne peut-etre purement et simplement copie. Mais lâintention dans lâart de creer des illusions est encore plus discutable que celle de produire des imitations, car câest lâintention de plonger le spectateur dans une representation qui nâest quâun fantasme. Ce type dâart ne vise que le plaisir de seduire, de flatter, de plaire pour seulement distraire au moyen dâillusions qui remplacent la realite. Il est donc sophistique par essence. Ce nâest plus seulement du mensonge, câest une volonte de de-tourner du reel, de dis-traire, de di-vertir dans un monde dâillusion le spectateur, lâirreel prenant alors le pas sur le reel. Il est assez evident que nous disposons aujourdâhui de moyens techniques extraordinaires de produire de lâillusion. Et câest pourquoi la critique de Platon porte a plein sur nos productions postmodernes. Mais si justement, nous refusons de manger de ce pain la, de reduire lâart a une puissance de divertissement, si nous sommes dâaccord pour reconnaitre a lâart une puissance dâeveil de notre sensibilite, alors nous verrons lâart pour ce quâil est, un element essentiel de la Culture. texte Lâart nâest certainement pas fait pour seulement procurer des illusions et une evasion hors de la realite. Puisque le mot realite » comporte une ambiguite, alors preferons lui un autre mot, la Vie. Dis autrement lâart nâest pas la pour nous detourner de la vie, mais au contraire, pour nous y ramener par le biais de sensibilite. Tel est le sens de la formule de Proust si mal comprise la vraie vie, câest la litterature ». Ce nâest pas, comme on pourrait le penser, quâil faille fuir cette vie qui est la notre pour nous refugier dans un autre monde abstrait et irreel qui serait celui des la litterature. Non, le travail de lâecrivain est precisement de transporter dans le sensible la tonalite vivante et pathetique de la vie, lors meme que cette vie tend la plupart du temps a sâoublier sous le poids ecrasant de la realite ». Cette vie est identiquement la meme en lâecrivain et en chacun de nous. Proust le formule ainsi La vraie vie, la vie enfin decouverte et eclaircie, la seule vie par consequent pleinement vecue, câest la litterature. Cette vie qui, en un sens habite chaque instant chez tous les hommes aussi bien que chez lâartiste. Mais ils ne la voient pas parce quâils ne cherchent pas a lâeclaircir ». Eclaircir, pour lâecrivain, câest ecrire et ecrire, câest manifester cette vie invisible que chacun porte en soi en sorte que dans lâ? uvre se rassemblent tout a la fois la sensibilite la plus haute et lâintelligence la plus deliee. Ce qui nous manque cruellement dans la soit-disant realite », dont on nous parle si souvent, cette realite qui nâest lâexpression dâune vie qui manque de presence, cette vie dont la definition est si etroite, quâelle ne tient comme le dit Proust, que dans ces buts pratiques que nous appelons faussement la vie ». Le travail de lâartiste, de chercher a apercevoir sous de la matiere, de sous de lâexperience, sous des mots, quelque chose de different, câest exactement le travail inverse » du mouvement qui nous detourne de nous-meme pour nous confiner dans lâordre des objets dit reels ». Detourner » prend tout son sens quand il sâagit de savoir si oui ou non lâart est tourne vers la vie. Ce quelque chose » de si mysterieux, dont Parle Proust, que cherche a voir lâartiste, Michel Henry lâappelle la Vie. Et ce voir tres sensible de la Vie est lâessence meme de ce qui est rendu dans le style dâun ecrivain. Ainsi, le style pour lâecrivain, aussi bien que la couleur pour le peintre est une question non de technique mais de vision ». Proust rejoint ici exactement ce que dit de lâecrivain son exact contemporain Bergson ainsi, ceux qui ont le talent de lâecrivain se replieront plutot sur eux-memes. Sous les milles actions naissantes qui dessinent au dehors un sentiment, derriere le mot banal et social qui exprime et recouvre un etat dâame individuel, câest le sentiment, câest lâetat dâame quâils iront chercher simple et pur». En cela lâecrivain rejoint par la musique de son style, le travail de ceux qui sont musiciens. Des musiciens, Bergson dit que Sous ses joies et ces tristesses qui peuvent a la rigueur se traduire en paroles, ils saisiront quelque chose ⊠certains rythmes de vie et de respiration qui sont plus nterieurs a lâhomme que ses sentiments interieurs, etant la loi vivante, variable avec chaque personne, de sa depression et de son exaltation, de ses regrets et de ses esperances. En degageant et en accentuant cette musique, ils lâimposeront a notre attention, ils feront que nous nous y insereront involontairement, comme les passants qui entrent dans une danse. Et par la, ils nous ameneront a ebranler aussi, tout au fond de nous, quelque chose qui attendait le moment de vibrer ». La musique est presentee par Bergson comme lâart le plus intime, car lie a lâecoulement interieur du vecu depouille de toute representation, lâecoulement de cette vie qui est toute entiere dans lâepreuve immanente de soi en chacun de nous. En deca de tout visible, en deca de toute representation est la Vie qui cohere avec soi, cette Vie dont la tonalite pathetique nous est si bien rendue par la puissance, la beaute, la douceur, la gravite, la joie vivante de la musique. Ce nâest pas par hasard et ce nâest pas pour rien que lâon parle de petite musique » reconnaissable dans le style dâun ecrivain. Il y a une musique reconnaissable entre toute, dans le style de Giono et cette musique nâest pas la musique du style dâAlbert Cohen, de Sylvie Germain, de Saint-Exupery, de Rousseau, de Rabindranath Tagore, dâHerman Hesse ou de Balzac. Il ne faut que quelques page de lecture dâun roman pour se rendre compte assez vite si oui ou non nous avons affaire a un ecrivain, car la musique du style sera la. Quand elle nây est pas, il peut y avoir des informations, un jeu de divertissement, mais ce nâest pas vraiment de lâart. Câest le genre de livre que lâon lit un jour et qui est immediatement oublie le lendemain, qui ne laisse rien parce quâil nây a pas cette vibration secrete de la Vie dans un style, cette vibration qui est au c? ur de lâart qui seule est capable de nous toucher vraiment. Mais etre touche, etre touche au fond de soi, etre bouleverse durablement, nâest-ce pas cela qui est essentiel dans notre rapport direct ou indirect a la Vie ? Dans notre rapport direct ou indirect avec lâessence meme de la realite ? Dans notre eveil ? Il y a dans les textes de Stephen Jourdain des indications remarquables dans ce sens. Dans Voyage au centre de soi, au chapitre VII, intitule lâexigence de lâecriture, il dit ceci de sa propre vocation dâecrivain Je nâexerce pas un sacerdoce, je ne remplis pas une mission. Et surtout, je ne transmets pas dâinformation. Ici sur Terre, ca va mal. Pampas et cornemuses excisees, defilent devant les ambassades. Lâoiseau piaille, les mots devoyes pissent lâinformation. Il nâest plus dâecrivain. Rien ne mâest plus etranger que la notion dâutilite. Asservir âecriture a une fonction, serait-ce celle de faire jaillir dans mon semblable lâetincelle de lâeveil, equivaudrait a mes yeux a detourner a mon profit â et lâecriture et lâeveil. On ne communique pas un secret, on lâexprime dans un chant ». Câest lâart lui-meme qui est designe ici a travers lâecriture comme pure expression dâun chant en dehors de toute utilite et de toute volonte dâadequation a la realite » convaincante des faits et des chiffres. Reciproquement, le voyage dans la lecture nâa pas non plus a etre asservi a une utilite, ni a une stricte adequation a la realite. Le voyage dans la litterature est une rencontre qui sâatteint dans la commotion interieure quâen nous lâecrivain provoque. Cette commotion que secretement tout lecteur recherche est eveil. Il y a une relation subtile entre lâart et lâeveil, entre lâeveil de la sensibilite et lâeveil tout court. Pour cela, il nâest peut-etre pas indispensable de sâinteresser a la litterature. Mais enfin, le terrain doit etre prepare, le jardin cultive, la sensibilite eduquee⊠On ne peut meconnaitre lâimportance de la culture au sens le plus profond du terme». Ce quâil dit ensuite est assez etonnant. Meme si la litterature participait a un certain degre au sommeil et a lâillusion, il reste que lâon ne peut bien sâeveiller que si on sait correctement rever ! Bien sur, la litterature, Rimbaud, Proust et tutti quanti participent aussi de lâhallucination et du sommeil ; mais câest une bonne facon de rever. Et lâon ne saurait sâeveiller si lâon reve mal ». Câest encore la meme lecon, la preparation de la sensibilite est essentielle pour quâau sein de la fete du sensible lâesprit rencontre le Reel. Ce que nous oublions toujours, câest que la donation du Reel est a chaque instant presente dans la donation vivante du present. Sâil est une mission de lâart, expliquait Bergson, câest bien de rendre cette donation plus accessible. Quand je me rends dans un musee, et que je mâarrete devant une splendide buste dâun bouddha souriant, si je suis reellement saisi par le rayonnement, la presence de la statue, je ne vais pas pour autant me mettre a rever pour mâevader de la realite, pour la bonne et simple raison que la statue dont le mystere mâenveloppe, que cette statue est la realite. Le reel est ce qui est toujours-deja la et jamais ailleurs. Le Reel est toujours-deja la de maniere intemporelle. Si la Realite est intemporelle, lâart, en tant quâexpression de la Realite est egalement intemporel. * * * La question de savoir si lâart nous detourne ou pas de la realite est une question piegee, car elle presuppose la reference a une realite » indubitable qui nâest aucunement mise en question. Il faudrait dâabord savoir ce quâest la realite avant de se demander en quoi lâart peut oui ou non nous en detourner. Ce qui est bien actuel dans cette question, câest sa resonance dans la culture postmoderne axee sur le divertissement. Aujourdâhui, lâopinion selon laquelle lâart a pour fin une evasion est a ce point recue que, meme parmi les specialistes de lâart, il est admis que lâart repond a une quete evasive de lâailleurs. Cette idee est martelee dans les media, repetee immediatement et sans reflexion par le lyceen qui doit composer sur lâesthetique et lâetudiant qui fait de lâhistoire de lâart. Câest un sous-entendu qui fait echo au monde ambiant la realite, elle nous ennuie, elle nous deprime, elle nous agresse. Alors, tous les moyens sont bons pour fuir dans un ailleurs plus agreable. Au fond entre la drogue et lâart pas de difference, le but, câest de sâeclater » dans une ailleurs. Et finalement, lâart, cela sert a cela, autant dans la creation, que du point de vue de la contemplation. Il y a heureusement des esprits assez perspicaces pour avoir compris que lâart, loin dâetre le vehicule de la fuite, pouvait etre ce pas de danse qui nous emporte et nous ramene au sein du Reel. La ou nous sommes. Au sein de la Vie, de sa Joie dâetre et de ses souffrances, de son eternel jeu avec elle-meme et son experience pathetique.LavĂ©ritĂ© est une illusion et l'illusion est une vĂ©ritĂ©. de RĂ©my de Gourmont - DĂ©couvrez une collection des meilleures citations sur le thĂšme 30 citations sur les illusions
Exemple de sujet Lâart nous dĂ©tourne-t-il de la rĂ©alitĂ© ? Le problĂšme consiste ici Ă remarquer que le statut de lâart est ambigu. Lâart procĂšde initialement dâun travail technique qui a pour but de produire une reprĂ©sentation esthĂ©tique, câest-Ă -dire une oeuvre qui se montre. Mais, pour autant une oeuvre dâart nâest jamais totalement autonome dans le sens oĂč elle reprĂ©sente toujours quelque chose, que cette chose soit une rĂ©alitĂ© physique un objet du monde par exemple ou une idĂ©e abstraite qui dĂ©cide lâauteur de lâoeuvre Ă la crĂ©er. Lâart est donc une forme de langage qui nâest pas vraiment autonome, mais qui re-prĂ©sente ce qui a dĂ©jĂ Ă©tĂ© prĂ©sentĂ©. En ce sens, si une oeuvre traduit ce quâun auteur, un artiste a cherchĂ© Ă y montrer, lâoeuvre dâart nâest jamais vraiment elle-mĂȘme sans pouvoir non plus ĂȘtre autre chose quâelle-mĂȘme, sans pouvoir se substituer Ă ce quâelle montre ou dĂ©crit. Se poser la question du rapport de lâart Ă la rĂ©alitĂ© traduit ce paradoxe puisquâil semble que lâart est Ă la fois une production autonome qui a une existence esthĂ©tique propre et une illusion qui ment sur elle-mĂȘme et se fait passer pour une rĂ©alitĂ© quâelle nâest pas et dont elle dĂ©tourne.... [voir le corrigĂ© complet]
BeautyIs In the Eyes of the Collective est le nouveau travail de Steven Morgana. Cet Australien de 30 ans, basé à Londres à choisi de revoir la perception d'un arc-en-ciel.
La solution Ă ce puzzle est constituéÚ de 5 lettres et commence par la lettre M Les solutions â
pour ART DE L'ILLUSION de mots fléchés et mots croisés. Découvrez les bonnes réponses, synonymes et autres types d'aide pour résoudre chaque puzzle Voici Les Solutions de Mots Croisés pour "ART DE L'ILLUSION" 0 0 Partagez cette question et demandez de l'aide à vos amis! Recommander une réponse ? Connaissez-vous la réponse? profiter de l'occasion pour donner votre contribution! Similaires
Pourqui lâart est-il « lâillusion dâune illusion » ? Platon Baudelaire Wilde. Chez Kant, le jugement esthĂ©tique est : Universel Subjectif Individuel. Quel auteur a dĂ©clarĂ© : « La beautĂ© est une promesse de bonheur » ? Kant Stendhal Hegel. Qui a dit : « Le beau nâa de valeur que pour lâhomme » ? ValĂ©ry Kant Baudelaire. Oscar Wilde est un auteur : Anglais Ăcossais
L'ART ET L'ILLUSION, Ernst GombrichFiche de lectureCarte mentaleĂlargissez votre recherche dans UniversalisAncien directeur et professeur de l'Institut Warburg, Ernst Gombrich 1909-2001 se prĂ©sente avec insistance dans L'Art et l'illusion comme un disciple d'Ernst Kris, historien d'art et psychanalyste ayant menĂ© avec lui des expĂ©riences sur la perception physionomique dans les Ćuvres d'art c'est dire que l'intention est ici d'utiliser les rĂ©alisations et les problĂ©matiques des artistes occidentaux, depuis les Ăgyptiens jusqu'Ă l'op art, pour Ă©tudier les phĂ©nomĂšnes de la perception visuelle et les aspects psychiques de la crĂ©ation artistique ; et, en contrepartie, de porter un regard neuf, dĂ©barrassĂ© de certaines illusions, au sens de naĂŻvetĂ©s, sur l'histoire de l'art occidental, en l'envisageant du point de vue de la perception du rĂ©el et de sa transcription. Les trois PrĂ©faces aux Ă©ditions successives mettent l'accent sur la fĂ©conditĂ© heuristique des dĂ©cloisonnements universitaires, et l'on perçoit, Ă travers les rĂ©fĂ©rences bibliographiques de l'auteur, le considĂ©rable investissement intellectuel opĂ©rĂ© pour croiser de façon pertinente les approches des sciences expĂ©rimentales et la culture historique. Gombrich a conservĂ© Ă l'ouvrage la forme d'une sĂ©rie d'essais dĂ©veloppĂ©s Ă partir de confĂ©rences tenues en 1956. L'ensemble ne compose pas une thĂ©orie systĂ©matique, mais apporte des Ă©clairages divers sur des aspects gĂ©nĂ©raux de l'art, et Gombrich met lui-mĂȘme en application la conception de l'esprit comme projecteur mobile » qu'il doit Ă Karl Popper, un esprit qui construit progressivement ses repĂšres et ses vĂ©ritĂ©s » par une sĂ©rie d'expĂ©rimentations, conscientes ou non, d'hypothĂšses et de corrections, progressant prudemment du familier Ă l'inconnu. Ces Ă©tudes tournent ainsi autour de la notion d'illusion illusion de vĂ©ritĂ© que produisent les peintures de paysage, illusion de ressemblance pour les portraits, illusions optiques particuliĂšres dues aux types de perspective et aux procĂ©dĂ©s de trompe-l'Ćil, mais aussi illusion des impressionnistes, convaincus de ne coucher sur leurs toiles que leurs pures images rĂ©tiniennes ».1 2 3 4 5 âŠpour nos abonnĂ©s, lâarticle se compose de 3 pagesĂcrit par ancienne Ă©lĂšve de l'Ăcole normale supĂ©rieure de SĂšvres, maĂźtre de confĂ©rences en histoire de l'art des Temps modernes Ă l'universitĂ© de ProvenceClassificationArtsHistoire de l'art occidentalHistoriens de l'artHistoriens de l'art, de 1950 Ă nos joursArtsThĂ©ories de l'artThĂ©oriciens de l'artThĂ©oriciens de l'art et esthĂ©ticiens, xxe s. et xxie aussiMIMĂSISRĂALISME artREPRĂSENTATION DANS L'ARTRecevez les offres exclusives Universalis Pour citer lâarticleMartine VASSELIN, L'ART ET L'ILLUSION, Ernst Gombrich - Fiche de lecture », EncyclopĂŠdia Universalis [en ligne], consultĂ© le 25 aoĂ»t 2022. URL
Artisteillusionniste Mentaliste / Scénographe / Comédien Autonome et autodidacte, il se caractérise par une parfaite maßtrise de ses mains et d'une grande dextérité. Maitrise qu'il met au service de la création artistique dans son sens le plus large : sculpture, peinture, illusion, etc.
L'art reprĂ©sente un domaine de l'activitĂ© humaine liĂ© Ă la fabrication, qui prend des formes historiques diverses. Au sens large, c'est tout ce que l'homme ajoute Ă la nature. Faut-il opposer art et nature ou les voir comme complĂ©mentaires ? I L'art imite ou suit la nature L'art doit imiter la nature. C'est ce qu'affirme Aristote Nous prenons plaisir Ă contempler les images les plus exactes des choses dont la vue nous est pĂ©nible dans la rĂ©alitĂ©, comme les formes d'animaux les plus mĂ©prisĂ©s et des cadavres » PoĂ©tique. L'imitation mimĂȘsis en grec d'une rĂ©alitĂ©, mĂȘme repoussante ou effrayante, apporte un plaisir Ă l'esprit humain. C'est la fonction de l'art figuratif, qui s'efforce de donner l'illusion du rĂ©el. Dans l'AntiquitĂ©, le peintre Zeuxis imitait si parfaitement les raisins peints sur les murs que les oiseaux, dit-on, venaient se casser le bec sur sa peinture. Platon condamne cet art de l'illusion si l'art produit de belles apparences trompeuses, il est moralement condamnable et les artistes doivent ĂȘtre chassĂ©s de la citĂ©, car ces poĂštes ne crĂ©ent que des fantĂŽmes et non des choses rĂ©elles. » Dans la Critique de la facultĂ© de juger, Kant voit la nature comme la source de l'art La nature donne ses rĂšgles Ă l'art. » Pour lui, l'artiste est un interprĂšte ou un porte-parole de la nature. II L'art est une crĂ©ation de l'esprit Voir en la nature sa seule source, n'est-ce pas rĂ©duire l'art Ă un jeu stĂ©rile et Ă une pure virtuositĂ© technique ? L'art, par l'intermĂ©diaire de la main et des outils, est une crĂ©ation de l'esprit qui transforme notre perception du rĂ©el et nous Ă©lĂšve Ă une rĂ©alitĂ© proprement spirituelle. 1 L'art est dans la forme Ă noter Le grec dispose de deux termes que nous traduisons par art » la technĂš, qui a donnĂ© technique », dĂ©signe la production ou la fabrication Ă partir de matĂ©riaux ; la poĂŻesis, qui a donnĂ© poĂ©sie », dĂ©signe la crĂ©ation de quelque chose de nouveau. Pour Platon, l'art ne doit pas reprĂ©senter la rĂ©alitĂ© telle qu'elle est, mais l'idĂ©aliser pour Ă©lever l'Ăąme vers la contemplation des IdĂ©es. Il a un rĂŽle d'Ă©ducation de l'Ăąme, qui doit s'Ă©lever des apparences sensibles aux IdĂ©es intellectuelles. Le beau prĂ©figure le vrai. Plotin, disciple de Platon, insiste sur la forme qui idĂ©alise la matiĂšre sensible Il est clair que la pierre, en qui l'art a fait entrer la beautĂ© d'une forme, est belle non parce qu'elle est pierre [âŠ], mais grĂące Ă la forme que l'art y a introduite. » La valeur de l'art est dans la belle forme, quel que soit l'objet reprĂ©sentĂ©. Ainsi, Rembrandt peint une carcasse de bĆuf Ă©corchĂ© et Goya des grotesques » hideux. Ce qui fait dire Ă Kant que la beautĂ© artistique est une belle reprĂ©sentation d'une chose. » Le beau est donc dans la forme de la reprĂ©sentation, et non dans la chose elle-mĂȘme. 2 L'art est une production libre de l'esprit Cette importance de la forme libre, indĂ©pendamment de l'objet, fait voir dans l'art une production libre, par opposition Ă la production nĂ©cessaire et mĂ©canique de la nature et de la technique En droit, on ne devrait appeler art que la production par la libertĂ© » Kant, Critique de la facultĂ© de juger. Hegel insiste sur l'histoire de l'art comme progrĂšs de l'esprit vers des formes d'expression de plus en plus immatĂ©rielle, des pyramides Ă la musique et la poĂ©sie. Toute Ćuvre de l'esprit, soutient cet auteur, mĂȘme l'invention du clou, est infiniment supĂ©rieure Ă la plus habile imitation de la nature. Notre regard sur la nature est imprĂ©gnĂ© par l'art, au point que Hegel ou Oscar Wilde affirment que c'est la nature qui imite l'art quand on admire le chant du rossignol, c'est qu'il nous semble exprimer des sentiments humains.26Tj9Jo.